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Photo du rédacteurQuentin Perissinotto

Moon Palace, un voyage entre solitude et déréliction



Il y a eu très peu de livres qui m’ont ému et je viens de reposer celui-ci, dévasté. Je viens de le reposer et de le regarder une dernière fois, un demi-sourire nostalgique esquisse, avant de le reposer dans ma sacoche. Paul Auster est un sculpteur d’existences, un magicien des identités. On retrouve dans Moon Palace tous les thèmes chers à l’écrivain – quête d’identité, recherche de la figure paternelle, construction au travers de la culture, solitude et déambulation réflexive – mais poussés extrêmement loin. On découvre le New York de Paul Auster via Marco Stanley Fogg, un jeune étudiant fauché qui va revendre les livres de son oncle pour payer son loyer et sa nourriture. Mais une fois la bibliothèque dilapidée, il va se laisser conduire à la rue sans se battre, s’en remettant pleinement au hasard de l’existence. Après une errance crasse et des rencontres improbables, Fogg se retrouve épris d’une jeune femme sortie de nulle part et parvient enfin à quitter la rue en trouvant un emploi d’homme de compagnie auprès d’un vieillard acariâtre, au cynisme aussi tranchant que sa culture. Alors qu’on pensait les aventures délirantes de Fogg terminées, on s’aperçoit qu’elles ne font au contraire que commencer...


Ce qui m’a le plus frappé, c’est à quel point Paul Auster arrivait à faire jaillir toute la solitude des personnages. Il montre la solitude dans ce qu’elle a de plus commun, comme une masse aussi visqueuse que vaporeuse qui ne quitte aucun des personnages. Et surtout pas le lecteur ! Auster nous met face à des existences singulières, à des hommes qui acceptent leur chute mais s’en relèvent péniblement. Et c’est en regardant au-delà de leur destin qui semblait tout tracé que j’ai aperçu toute leur fragilité ; et c’est à cet instant que la solitude m’a pris au corps. Et la fin du roman... Quelle fin ! C’est l’une des premières fois que j’avais le regard dans le vide après avoir lu le point final. Ce n’est pas une fin éblouissante ni inattendue, c’est une fin qui s’impose comme les abandons muets.


 

Moon Palace – 2016

Paul Auster

Babel

476 p.

9.70 €

ISBN : 978-2330026738


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