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  • Photo du rédacteurQuentin Perissinotto

Un mardi soir à New York, splendeurs déchues et roman déçu



Un mardi soir à New York commence comme un choc : le lecteur débarque dans l’histoire comme il débarquerait dans une ville, désorienté et assailli de toutes parts. Et ce début se révèle tout à fait prometteur : dans le New York bouillonnant des années 80, plusieurs destinées vont se croiser, sur fond d’art, d’embourgeoisement, de révolte et d’insouciance. Si en plus vous y ajoutez une première partie absolument géniale, avec une grande liberté de jeu au niveau formel et une langue qui aligne les tournures qui claquent, alors on se dit que ce roman va être détonnant. Ça pourrait être effectivement le cas, si on n’a jamais lu aucun livre d’écrivain new-yorkais… 

Dans la ville aux mille lumières néon, on retrouve d’un côté James, un critique d’art en vue et à la notoriété ascendante et sa femme Marge, et de l’autre Lucy, une jeune barmaid venue à New York avec des rêves de gloire et Raul, un peintre argentin qui ne connaît de cette ville que les endroits les plus miteux. Toute l’intrigue va véritablement tourner autour de ces deux pôles, qui vont inévitablement se retrouver, en collision. C’est un roman où l’ascension va vite déchoir et où les rêves se révèlent des poisons. Mais c’est surtout un roman où l’intrigue se perd en chemin. Molly Prentiss court après son histoire dès la seconde moitié du livre, accumulant les événements sortis de nulle part, n’arrivant plus à garder le dynamisme fou qui caractérisait le début. Le roman s’essouffle tout simplement, et c’est ce qui m’a le plus frappé. La langue qui était originale et recherchée se fait aussi plus maladroite, et certains passages forçant trop le trait – notamment sur la surabondance des sens – en deviennent grotesques. À répéter approximativement 35 fois par chapitre le mot jaune m’a fait devenir daltonien. Et puis le personnage de Lucy est énervant au possible, naviguant entre idiotie naïve et inutilité exacerbée ! J’ai adoré voir la ville se construire comme un tissu d’impressions qui se déposaient dans les yeux des personnages, mais cela ne suffit pas à garder un texte vivace ! J’ai été absolument conquis par le début, car Prentiss a su véritablement faire revivre le sentiment d’étonnement béat et admiratif que l’on a en arrivant dans une nouvelle ville ; et c’est peut-être aussi ça qui a desservi le reste du texte. Le début était excellent et a allumé trop d’espoirs. Et puis la fin… tout un concept. Je n’ai jamais vu un tel ratage total, à part peut-être mes derniers biscuits de Noël… Cependant, malgré tous ces ratés, Un mardi soir à New York me restera encore en tête grâce à une belle prose, fulgurante par instants, délivrant des formulations incandescentes. Peut-être que tout simplement toutes les splendeurs s’éteignent dans la nuit.

« Tu es prêt pour la poésie. Tu en as fini avec ce texte suffocant qu’est devenue ta vie. »

Un mardi soir à New York – 2018

Molly Prentiss

Le Livre de Poche

456 p.

7.90 €

ISBN : 978-2253070603

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