En pleine Fashion Week parisienne, c’est pourtant La Chaux-de-Fonds qui a déroulé un tapis rouge assez particulier : aucun strass, aucune paillette, mais une énorme travée parcourue au plafond par des arcs métalliques et délimitée par deux rangées trapues de murs en béton. Cette scène underground prend ensuite des atours de podium puisque ça et là, disposés pour s’emparer de la presque totalité de l’espace, dansent robes, jupes, blazers, manteaux et autres pièces de mode. Toutes ont été conçues par les élèves de l’école d’arts appliqués de La Chaux-de-Fonds après un voyage d’études au Portugal.
Une exposition particulière
Pourquoi le Portugal ? Car cette exposition de mode, vernie avec un défilé, prend place dans une manifestation plus globale : Olà Portugal. Plusieurs événements sont prévus durant de nombreuses semaines dans les villes de La Chaux-de-Fonds, Le Locle et Neuchâtel afin d’offrir un autre regard sur le Portugal. Il s’agissait donc ici de s’approprier les coutumes, l’architecture, le climat, les ambiances du Portugal (en particulier de Lisbonne et Porto) pour créer une gamme de vêtements spécialement pour l’occasion. Il en résulte des tenues aux antipodes les unes des autres, parfois très aériennes avec des courbes fines, parfois massives et incongrues, difficiles à appréhender. Mais l’ensemble produit son effet ! On est intrigué, ravis, coi, dérangé, et au fil des nos allées et venues parmi les couloirs fictifs de l’exposition on se laisse gagner par les atmosphères que dégagent chacune des pièces. Le fait que des vêtements soient présentés dans un environnement assez brut apporte un charme incontestable et donne du cachet supplémentaire à l’exposition !
Des anciens abattoirs
Ces locaux, ce sont des anciens abattoirs transformés en espace d’art et étant inscrits depuis 2009 au patrimoine mondial de l’UNESCO. Réouverts depuis 2014, ils font partie du Quartier Général, un espace d’art étant d’abord une association de six membres, souhaitant dynamiser la vie culturelle chaux-de-fonnière et offrir une plateforme d’expression à de jeunes artistes. Le choix des Abattoirs n’était pas un coup du hasard, puisque des projets similaires avaient déjà été menés ailleurs et ont été couronnés de succès, comme par exemple la réaffection des abattoirs de Toulouse en centre d’art contemporain : c’est 100'000 visiteurs par an qui affluent.
Une exposition en écho
Mais cette exposition temporaire n’a pour cette fois aucun lien particulier avec le Quartier Général. Ils présente eux une autre exposition, mais qui fait écho au défilé figé de mode : Da Silva. Cette exposition se veut un appartement imaginaire de la famille Da Silva, un lieu où sont mélangés œuvres d’art et objets du quotidien. Mais non pas des œuvres éloquentes, qui frappent par leur esthétisme, mais des ready-mades d’artistes contemporains portugais sélectionnés pour l’occasion. Les objets du quotidien sont quant à eux prêtés par des familles portugaises de Suisse. Ainsi on retrouve la problématique soulevée déjà par Duchamp et DADA : l’art est-il utile ou décoratif ? Et à quoi le repère-t-on ? Depuis cette démystification fracassante de l’art, les artistes n’ont eu de cesse de vouloir funambule et de marcher sur cette mince ligne entre l’artistique et le prosaïque.
Exposition de mode temporaire aux Abattoirs jusqu’au 7 octobre
Exposition Da Silva au QG jusqu’au 22 octobre
Plus d’informations sur Olà Portugal sur https://www.ola-portugal.com