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Photo du rédacteurQuentin Perissinotto

Les grandes dames de l'impressionnisme 2/4


Lorsque l’on déambule dans les expositions partout dans le monde, et que l’on arrive dans les salles consacrées à la peinture du XIXème siècle, ce sont les mêmes noms que l’on observe : Monet bien sûr, Corot, Manet, Pissaro, Degas ou encore Renoir. Mais derrière ces moustaches qui frétillent et ses cannes qui se balancent se cachent des toiles oubliées du grand public et souvent des musées eux-mêmes. Alors que l’impressionnisme est à son apogée à Paris, quatre femmes peintres se distinguent, brisant avec énergie les carcans de cette société Second Empire. Il s’agit de Berthe Morisot, Mary Cassatt, Eva Gonzalès, et Marie Bracquemond ; et avec Les grandes dames de l’impressionnisme nous vous dressons le portrait de l’impressionnisme et ses peintres femmes en quatre temps. Aujourd'hui, Mary Cassatt.

Une jeunesse faite de voyages d'étude


Femme au collier de perles dans une loge (1879)

Le second volet consacré aux femmes impressionnistes nous emmène au départ loin de Paris, à Pittsburg. C’est en 1843 que naît Mary Cassatt, dans un milieu très aisé. Son père est un riche banquier et sa mère parle couramment le français. Elle voyage ensuite en Europe, notamment à Parme, Paris et en Allemagne. Elle retourne dans sa Pennsylvanie natale et suit des cours de dessins à l’Académie des Beaux-Arts. Puis vient la guerre de Sécession. Mary Cassatt attend que le calme revienne et retourne en 1866 à Paris pour suivre des cours dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme, peintre et sculpteur des courants académiques et orientalistes. Pendant la guerre franco-prusienne, elle rejoint la Pennsylvanie, voyage en Espagne et en Italie et elle finit par s’installer durablement à Paris en 1873, avec sa mère et sa sœur. La première partie de la vie de Mary Cassatt, à l’instar de nombreux collèges masculins, est jalonnée de voyages d’étude et de cours dans les ateliers.

Exposée parmi les impressionnistes


La Partie de bateau (1893-1894)

A la fin des années 1870, Mary Cassatt était donc armée d’une solide formation artistique. C’est tout naturellement qu’elle expose une toile au Salon de Paris de 1874, toile qui secoua l’enthousiasme d’Edgar Degas qui déclara « Voilà une femme qui sent comme moi ! » Mary Cassatt est ensuite refusée aux Salons de 1875 et 1877. Mais peut importe, c’est grâce à cela qu’elle fait la connaissance de celui qui donnera à sa carrière un autre élan : Degas. Sachant que la jeune femme a été refusée pour le Salon, il se rend dans son atelier et l’enjoint à ne plus rien envoyer et surtout, à rejoindre un groupe de jeunes peintres plus proches de ses inspirations : le groupe des impressionnistes. Elle accepte avec entrain. En avril 1879 elle participe donc à la quatrième exposition de « l’impressionnisme » qui se déroule dans un appartement loué pour l’occasion, avenue de l’Opéra. Devant le tableau de Mary Cassatt, Gaugin aurait déclaré à un ami « Miss Cassatt a autant de charme [que Berthe Morisot] mais elle a plus de force ! » Elle s’inspire des conceptions artistiques de Degas et participe encore aux cinquième, sixième et huitième expositions des impressionnistes. De ces années, Mary Cassatt garde une amitié principalement fondée sur l’importance accordée au coup de crayon et plus généralement, leur intérêt commun pour les techniques graphiques.

La période des estampes


La Lettre (1890-1891)

Elle se met alors à la gravure, malgré les railleries de ses confrères masculins peu habitués à voir une femme se frotter à cette technique. La pointe sèche devient son mode d’expression et elle trouve au travers de celui-ci une approche originale. Une exposition vient même couronner son travail : quatre peintures et une série de dix gravures en couleurs sont exposées chez Durand-Ruel. Mary Cassatt détestait l’art classique et trouvait l’inspiration dans les estampes japonaises qui ont connu un succès retentissant à Paris dans les années 1800.

La mère et l'enfant, son sujet de prédilection

Bien qu’elle ne s’est jamais mariée et qu’elle n’a jamais eu d’enfant, Mary Cassatt concentre son imagerie sur son sujet de prédilection : la mère et l’enfant. Elle renouvelle le thème de la maternité qu’elle exprime avec distance, sans excès de lyrisme, mais avec beaucoup de puissance. La netteté de ses mises en place et la fermeté de son dessin confèrent à sa peinture une éloquente énergie.

Ambassadrice de l'impressionnisme aux USA


Le Thé de cinq heures (1880)

Si l’impressionnisme a eu un tel retentissement aux USA, c’est grâce à l’abnégation et aux relations d’une personne en particulier : Mary Cassatt. En 1886 le marchand d’art Paul Durand-Ruel, qui avait exposé les peintures et estampes de Mary Cassatt à Paris, organise une grande exposition impressionniste à New York. Le grand collectionneur américain Henry Osborne Havemeyer achète de nombreuses toiles impressionnistes, sous les conseils avisés de son épouse Louisine Elder, amie d’enfance de Mary Cassatt. Mary contribuera encore à faire entrer nombreux de ses amis dans les collections américaines grâce à son frère qui était alors président du chemin de fer de Pennsylvanie.

Mary Cassatt est nommée chevalier de la Légion d’Honneur en 1904, puis membre de la National Academy of Design de New York en 1904. Puis c’est la maladie qui lui fait lâcher ses pinceaux : dépression, diabète et surtout la perte de la vue l’enlève à son art. Elle meurt finalement en 1926, laissant derrière elle une œuvre plus proche du post-impressionnisme de Toulouse-Lautrec ou des Nabis que de l’impressionnisme pur.

Pour aller plus loin :

Livres :

Manœuvre, Laurent : Les pionnières, Editions des Falaises, 2016

Rey, Jean-Dominique : Berthe Morisot, Flammarion, 2016

Vadepied, Guy : Mary Cassatt. Les impressionnistes et l'Amérique, Encrage, 2014

Romans :

Manet, Eduardo : Le fifre, Ecriture, 2011

Bona, Dominique : Berthe Morisot. Le secret de la femme en noir, Le Livre de Poche, 2002

Film :

Berthe Morisot de Caroline Champetier (2013)

Emission radio :


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